Alter Scriba Solutions

Les écrits professionnels – Lé zékri pro fesses yonel, ça vous parle ?

Lé zékri pro fesses yonel, ça vous parle ?

Alter Scriba Solutions – Armelle Chambris – Janvier 2023

Aoutch ! Ça pique les yeux ! Mais ça a parlé, oui, aux étudiants en Bachelor 3 « RP & Event » de l’École Internationale Tunon de Marseille. Durant les 30 heures de leur module « Ateliers d’écriture » (comprendre : techniques et méthodes de rédaction de contenu), ils se sont penchés sur le vaste sujet des écrits professionnels.

Les écrits professionnels, matière à Creativ Problem Solving

Tout a commencé par un e-mail (façon teasing) envoyé à l’ensemble du groupe la veille du premier cours.

En voici une copie :

écrits-professionnels-mail

E-mail resté sans réponse jusqu’à aujourd’hui, excepté celle de la directrice pédagogique, en copie, qui envoya un hilare : J’ai eu peur jusqu’à ce que je lise le PS.

On la comprend !

 

Interrogés dès le lendemain sur la bonne réception de l’e-mail, les étudiants du groupe ont pour la majorité (80 %) avoué ne pas en avoir pris connaissance. Les 20 % l’ayant lu expliquèrent qu’eux aussi avaient eu peur. Tous ont trouvé les 7 fautes pendant la lecture et après relecture.

Premier fait établi : un écrit professionnel contenant des fautes fait peur et nuit à la crédibilité de celui qui l’écrit (celle de l’enseignante en l’occurrence).

Deuxième fait établi : relire permet de se corriger. Car oui, on est capable de se corriger !

Les 6 premières heures du module furent consacrées à un CPS (Creativ Problem Solving) introduit ainsi :

écrits-professionnels-fiction-réalité

Lors de la phase préparatoire d’évaluation de la situation, et d’un QQCOQPP mené tambour battant, les étudiants ont été amenés à définir ce que sont les écrits professionnels, qui ils concernent, quels supports ils épousent, quels enjeux ils servent. Arrêtons-nous un instant sur cette vision panoramique tirée de leur travail, avant de vous présenter l’initiative née du module.

 

Les écrits professionnels : définition

Les définitions des écrits professionnels sont légion sur Internet. Après avoir pris connaissance de bon nombre d’entre elles, la définition collectivement adoptée par le groupe fut celle-ci :

les écrits professionnels sont l’ensemble des textes dits « utiles » utilisés dans le monde du travail.
Tout écrit professionnel relève d’une volonté de communication : transmettre un message de la manière la plus claire et la plus efficace possible.

Qui est concerné par les écrits professionnels ?

Toute personne, entrée ou entrant, dans la vie active est concernée par les écrits professionnels : étudiants à la recherche de stages, jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi, population active utilisant l’écrit comme moyen de communication au sens large.

Toute entreprise, communiquant en externe et en interne, est, elle aussi, concernée par les écrits professionnels.

Quels sont les supports des écrits professionnels ?

Les supports des écrits professionnels sont nombreux et diffèrent selon le domaine d’activité, le poste occupé, l’objectif à atteindre.

Le groupe en a dressé une liste (non exhaustive !) :

  • E-mails
  • CV
  • Lettres de motivation
  • Courriers administratifs
  • Documents commerciaux et publicitaires
  • Biographies d’entreprise, livres blancs
  • Sites Internet
  • Communiqués de presse
  • Dossiers de presse
  • Articles de blog
  • Newsletters
  • Profils réseaux sociaux pros
  • Publications réseaux sociaux
  • Rapports d’activité, annuels, de conférence
  • Notes internes
  • Journaux d’entreprise
  • Fiches techniques
  • Modes d’emploi

Les enjeux des écrits professionnels

Pour poursuivre et approfondir le sujet, les étudiants sont allés à la recherche d’arguments pour soutenir la thèse suivante : il est nécessaire de soigner ses écrits professionnels.

Pourquoi soigner ses écrits professionnels ?

Les écrits professionnels sont un reflet de la personne ou de l’entreprise qui les rédige.

Non soignés, ils nuisent à l’image et à la crédibilité de l’émetteur.

Les écrits professionnels répondent à un objectif de communication. Ne pas en prendre soin, c’est aussi prendre le risque de ne pas être compris, de mal faire passer son message.

Pour quoi soigner ses écrits professionnels ?

Les étudiants ont relevé trois conséquences positives du soin apporté aux écrits professionnels :

  1. On est lisible: le texte dans sa mise en page est facile à lire, donne envie, dynamise la lecture. L’utilisation de phrases courtes bien ponctuées, de Bullet list, suggère également la lecture en diagonale et un possible gain de temps.
  2. On est crédible: ne pas faire de faute (orthographe, syntaxe et style) est un gage de sérieux. C’est aussi une façon de montrer qu’on a relu, qu’on a pris le temps de bien faire, qu’on a un certain niveau d’études et/ou d’expérience.
  3. On est compréhensible: « Texte clair n’admet point d’interprétation ». On utilise un vocabulaire approprié, on fait des phrases simples, on utilise des connecteurs logiques. Ainsi, ce qu’on veut dire est parfaitement clair, donc facile à comprendre.

Pour résumer, soigner ses écrits professionnels augmente la possibilité d’être lu, compris et pris au sérieux.

Écrits professionnels : état des lieux en France

Pour trouver des arguments d’autorité, le groupe a procédé à une veille informationnelle sur le sujet. Elle a été l’occasion de découvrir qu’il existe peu d’études mais qu’en revanche de très nombreuses formations sont proposées.

La veille informationnelle : les écrits professionnels en chiffres

Lors de leurs recherches, les étudiants ont trouvé les résultats d’une étude menée par Ipsos, pour la plateforme Projet Voltaire. Elle vient apporter un argument d’autorité quant au soin apporté à ses écrits pros : 73 % des employeurs estiment rédhibitoires les difficultés à s’exprimer à l’écrit !

Du point de vue de ceux qui rédigent ces écrits, peu de données, si ce n’est une étude qui axe ses questions sur l’unique sujet de l’orthographe. Précisons-le, soigner ses écrits professionnels dépasse largement la correction orthographique. Il est question de syntaxe, de style, de lexique et de mise en page.

Quant à l’alerte Google créée pour l’occasion, elle ne fit que confirmer le peu d’informations en la matière : nous ne reçûmes que des « articles commerciaux » dont l’objectif était de vendre de la formation.

Forts de ce constat – (et sous l’autorité légendaire et respectée de leur enseignante !) -, les étudiants ont soumis leurs propres questionnaires.

Les sondages internes

Ils ont mené deux sondages internes à l’École Internationale Tunon de Marseille.

Le premier auprès de leurs enseignants. Le second auprès des étudiants en Bachelor 1 et Bachelor 2 « RP & Event ».

L’exercice leur a permis d’expérimenter l’adaptation du style à la cible.

Pour les enseignants, tel fut le mail :

écrits-professionnels-questionnaire-enseignants

Pour les étudiants, il fut un peu différent :

écrits-professionnales-questionnaire-étudiants

(Les liens contenus dans ces e-mails ont été volontairement désactivés. Si vous aussi vous souhaitez enrichir nos données, voici un lien vers un questionnaire ultra-bref : Participer à la Boîte à outils Dézékripro)

Résultats :

  • 100 % des participants se sentent concernés par les écrits professionnels (ouf ! Nous ne sommes pas hors sujet !).
  • Les besoins des enseignants, dans un but d’amélioration de leurs écrits, concernent le style et le vocabulaire plutôt que l’orthographe.

En ce qui concerne les étudiants, voici un panorama de leurs réponses (échantillon de 30 étudiants, niveau Bac+1 et Bac+2) :

 

Comment améliorer ses écrits professionnels ?

L’initiative menée en module d’ateliers d’écriture 

Le groupe avait posé le fait, l’avait argumenté, l’avait documenté et quelque peu chiffré : il est nécessaire de soigner ses écrits professionnels.

Une question se posait alors d’elle-même : comment faire ?

Un grand remue-méninges s’en suivit pour faire émerger des idées, en sélectionner certaines, en abandonner d’autres, en clouer au pilori, en porter au pinacle… jusqu’à arrêter l’idée d’une boîte à outils cocréée et coalimentée.

Vers la cocréation d’une boîte à outils

Nous n’avons pas eu le temps de « design thinker » notre « Boîte Dézékripro », mais comme toute boîte à outils, elle aurait plusieurs compartiments.

Les 8 compartiments (à alimenter) de la Boîte Dézékripro :

  1. EN RIRE : compilation bienveillante* de visuels des pires fautes rencontrées
  2. SE PRÉPARER : fiches et tips de motivation, programmes d’entraînement, phrases inspirantes
  3. S’ENTRAÎNER : jeu des 7 fautes, dictée inversée, relecture à l’envers, relecture d’un mot sur deux
  4. ORGANISER : dessiner au crayon l’architecture d’un texte, la structure du conte, les connecteurs logiques
  5. STYLISER : comment transformer une phrase longue en plusieurs phrases courtes, les figures de style des plus connues aux plus improbables, le vocabulaire (brainstorming et champs lexicaux)
  6. S’INSPIRER : copier mais pas plagier, les cabinets de curiosités, les sites de veille, les tableaux visuels
  7. SE LANCER : le cheval au galop, la phrase commençant par « c’est mardi », écrire avec L’Étrange questionnaire d’Éric Poindron, les dernières phrases, les slogans, les jeux de mots
  8. SUIVRE : listes des ressources existantes et des comptes des influenceuses et influenceurs en orthographe, grammaire, style et étymologie

 

*Nous adorons cette phrase de Muriel Gilbert, glanée dans l’ouvrage Au bonheur des fautes : « Les fautes, elles sont partout car tout le monde en fait. Beaucoup sont drôles ou instructives, certaines sont belles comme des bijoux précieux. »

Cocréée, cette boîte aurait également vocation à être coalimentée par les conseils, les usages, les informations recueillies dans notre sondage. (Si vous n’y avez pas encore participé, c’est ici.)

Devoir final et déclusion

Lors d’un devoir de fin de module, les étudiants ont rédigé un article de blog dont le sujet était… (roulements de tambour)… les écrits professionnels ! Collectivement adopté en amont, le titre est celui du présent article. Ce dernier pouvant être considéré comme une sorte de corrigé !

 

L’heure finale, consacrée à la déclusion a permis de faire le point sur les acquis et axes d’amélioration du module. Tous les étudiants ont dit avoir progressé dans leurs techniques de relecture (leurs devoirs s’en ressentaient : bravo !) et souhaitent poursuivre leurs progrès de manière aussi efficace que ludique.

Alors, on la cocrée cette Boîte Dézékripro ?!

 

REMERCIEMENTS

Aux étudiants en Bachelor 3 « RP & Event » de l’École Internationale Tunon de Marseille, année 2022-2023, pour leur investissement, leur énergie, leurs rebuffades, leurs questionnements, leurs recherches, leurs doutes, leurs sources d’inspiration, leurs idées :

Morgane Ventimiglia, Alexandre Sauvaire, Emmanuelle Rydek, Shaï Ramalingom, Ludnie Philippe, Camille Paton, Meg Gonzaga, Mattéo Contoz, Pierre-Alexandre Bricage, Mathilde Amédée.

À l’École Internationale Tunon de Marseille et plus particulièrement à Armelle Guiffant, Pascale Simon, Marion Pinatel pour leur présence, leur soutien et leurs encouragements.

 À tous les enseignants et étudiants de Tunon qui ont pris le temps de répondre aux sondages.

À Pascale Voisin Conseils auprès de qui nous nous sommes formés aux méthodes et techniques de créativité. Ce module a été une très belle occasion d’éprouver et d’enrichir notre apprentissage tout en invitant les étudiants à entrer avec nous dans l’ère de l’HOMO CREATIVUS !

Article relu et corrigé par Nota bene correction (parce qu’un des meilleurs moyens d’éviter les fautes et d’améliorer le style de ses écrits professionnels est de SE faire relire PAR des professionnels !).

error: Content is protected !!